RECHERCHES SUR MOLIÈRE.                           73
Vauselle, la tenant lieu de messire Gaston-Jean-Baptiste de Raimond ; » la marraine est « damoiselle Marie Hervé, femme de Joseph Béjard, écuyer. M. de Modène, en faisant tenir par un ami, au nom de son fils légitime, l'enfant naturel de Madeleine, paraît bien avoir l'intention de régulariser parle mariage la position de la mère et de la fille ; et Marie Hervé, en consentant à servir de marraine à cette petite-fille natu­relle, devait croire à une réparation prochaine. La mort de Françoise, fille naturelle de M. de Modène et de Madeleine Béjard, contribua sans doute bientôt à la rupture de cet egagement. Après le départ de la troupe de l'Illustre Théâtre pour la province, M. de Modène quitta la France et suivit le duc de Guise dans san aventureuse expédition de Naples. Ce n'est qu'en 1658 qu'Esprit de Raimond et Madeleine Béjard purent se retrouver de nouveau à Paris, ainsi que leur ami commun Jean-Baptiste de l'Hermite, qui avait figuré vingt ans auparavant dans l'acte de baptême de leur fille. Ceux qui n'avaient pas cu dans l'intimité de la famille Béjard confondirent alors dans un vague souvenir la fille de Made­leine Béjard avec la jeune sœur qu'elle avait élevée, son premier amant, M. de Modène, avec Molre, qui lui avait succédé, et la calomnie ne tarda pas à profiter de cette con­fusion de faits et de dates pour accuser Molière d'avoir épousé sa propre fille.
Le 7 juin 1661, Madeleine Bëjard achetait de « Jean-Baptiste de l'Hermite, écuyer, sieur de Vauselle, chevalier de l'or­dre de Saint-Michel, gentilhomme servant chez le Roi, et de damoiselle Marie Courtin de la Dehors, son épouse, » une grange appelée la Souquette, située dans le territoire de Saint-Pierre de Vassol (Comtat Venaissin), moyennant deux mille huit cent cinquante livres1. Cette vente, dont M. le maquis de Fortia n'a pu retrouver le contrat, lui a servi d'argment dans ses Lettres sur la femme de Molière ' pour contester
1.  Documents n" XXIX et XLII, cote quatre.
2Supplément aux diverses éditions des OEuvres de Molière, 1825, in-8.